LA TAPISSERIE AU XV° SIÈCLE
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tapisseries citées dans tous les inventaires du xv- siècle. Dé tous ces trésors accumulés dans les palais des princes puissants, parmi les­quels les ducs de Bourgogne occupent le premier rang, il reste aujourd'hui bien peu de chose; raison de plus pour rappeler sommairement les pièces déjà citées ou pour signaler en peu de mots celles qui remontent à une date antérieure à 1477 et dont il n'a pas encore été question. On verra que la plupart, fran­çaises d'origine, sont encore aujourd'hui conservées clans notre pays.
Nous ne reviendrons pas sur la Présentation au Temple, de M. Escosura, ni sur l'Apocalypse d'Angers, sur lesquelles nous nous sommes longuement étendu plus haut.
La Vie de saint Piat et de saint Éleulhère, de Tournai, bien que datée de 1402, appartient encore au premier âge de notre industrie.
Parmi les belles tentures énumérées à l'occasion des somptueuses fêtes de la cour de Bourgogne, Y Histoire de Clovis, de Reims, est une de celles qui.permettent le mieux d'apprécier les caractères du style bourguignon flamand. Si elle ne porte pas de date, nous savons qu'elle était terminée avant" 1460.
Les tapisseries de Nancy et de Berne paraissent également datées par la provenance que leur attribue la tradition. Â ce point de vue, la Justice de Trajan, l'Histoire d'Herkinbald, le Débat de Souper et de Banquet, peuvent être considérés, avec les pièces de Clovis, comme les types de l'industrie franco-bourguignonne vers la fin du moyen âge. Bien que les plus anciennes séries connues, d'une date postérieure à celles que nous venons de citer, soient conser­vées dans des églises françaises; bien que les suites d'Angers, de la Chaise-Dieu, de Reims, de Montpezat, du Mans, de Sois­sons, remontent à une époque au moins aussi reculée que les ta­pisseries les plus vénérables de Madrid, il en est peu parmi elles qui puissent être attribuées avec toute certitude au xve siècle.
La plupart des vieilles tentures, nous l'avons dit, ne portent ni signature ni date; seulement quelques rares pièces nous ont transmis, dans une inscription, le souvenir du personnage qui les a commandées. De ce nombre est la Vie de saint Pierre, donnée à la cathédrale de Beauvais par Guillaume de Hellande, évêque de 1444 à 1462. Une légende versifiée, placée sur la dernière pièce au­jourd'hui perdue, mais transcrite jadis par un ancien historien,